Histoire
L’EPOQUE MEDIEVALE
XIVe-XVe siècles


Le donjon de la Bazinière
Le donjon est le dernier vestige de la tour médiévale construite probablement au XIVe siècle. Il n’en subsiste aujourd’hui que les soubassements où l’on reconnaît néanmoins un cintré typique du XIVe et la voute d’un ancien escalier.
La propriété s’appelle à l’époque « La Malouinière » ou « La Bazinière » du nom d’une famille Bazouin.
L’EPOQUE MODERNE
XVIe-XVIIIe


Les seigneuries de la Bertaudière et de la Rousselière (XVIe-XVIIIe siècles)
Au tournant du XVIe siècle (1), la propriété appartient sans doute par mariage, à Messire Philippe Bertauld (vers 1490-1530), magistrat de l’élection de Saumur, seigneur de la Rousselière. Il entreprend la construction d’un châtelet fortifié dont il subsiste aujourd’hui une élégante poterne à deux échauguettes et large porte charretière, accolée d’un portillon pour les piétons. La propriété prend le nom de la Bertaudière.
Son fils René (vers 1505-1572), est secrétaire du cardinal Gabriel de Gramont, ambassadeur de François Ier qu’il suit en Angleterre, en Espagne et à Rome. Il est créé comte du Sacré Palais de Sa Sainteté le Pape et obtient en 1542 des moines de Saint Florent le droit de bâtir une chapelle à la Bertaudière et d’avoir banc à la place d’honneur dans l’église de Meigné.
Il s’adonne à la passion de son temps : l’écriture. Il traduit notamment de l’espagnol la nouvelle sentimentale « La pénitence d’amour », publiée en 1537 et très recherchée des collectionneurs. Confrontée à la Penitencia de amor, la version française élaborée par René Bertault pour l’éditeur lyonnais Denis de Harsy, révèle une véritable appropriation du texte espagnol, réinterprété en roman sentimental.
Il est attaché à la cour de Marguerite de Navarre à qui il dédie sa traduction du Livre d’Or de Marc-Aurèle d’Antonio de Guevara.
Il fait également l’acquisition de terres notamment la Grise, au Coudray Macouard.
(1) André Sarazin, Manoirs et gentilshommes d’Anjou
La branche aînée de la famille garde la Bertaudière, d’autres descendants héritent de la Rousselière, d’autres encore de la Grise. Cependant par héritage d’un cousin, Daniel Bertault (Meigné vers 1659 – 1715), réunit à nouveau les deux premières propriétés d’où sa qualité de seigneur de la Bertaudière et de la Rousselière.

Armoiries de Daniel Bertault
Divers membres de la famille ont exercé des charges importantes à Saumur : Pierre Bertauld (1555-1612) est prévost de Saumur, Michel Berthaud (1610-1640) est lieutenant criminel et civil de Saumur. Plusieurs membres de la famille se convertissent également à la religion réformée.
Jean Tréton, médecin à Saumur épouse le 12 janvier 1650 une arrière petit-fille de René Bertauld. Leurs enfants naîtront à la Bertaudière dont Jeanne qui épousera en l’église de Meigné le 30 octobre 1695 Pierre Perrault, conseiller secrétaire du roi Louis XIV à la chambre des Comptes de Nantes.

On peut observer les armoiries de Pierre Perrault et Jeanne Treton dans l’armorial d’Hozier
Pierre-Maurice Perrault de Lessart, épousa Marie-Renée Foullon (1711-1743). Cette dernière était la soeur de Joseph-François Foullon, baron de Doué et personnage célèbre du Saumurois de la fin de l’Ancien Régime, qui fut un temps propriétaire du château de La Tremblaye à Meigné.

Claude Perrault, quant à lui épousa Marie-Claude Lespagneul de La Plante à Saumur en 1726. Il était également auditeur à la Chambre des Comptes de Bretagne. C’est lui qui hérita du château de La Brétaudière par héritage des Bertault via les Treton et entreprit d’importants travaux dont témoignent aujourd’hui encore la charmante façade XVIIIe.
Il est également fort probable qu’il fit construire ou devint propriétaires du château de La Contentinière à Soulaines-sur-Aubance. Claude Perrault fut anobli par sa charge et avec son épouse eurent au moins un fils en la personne de Pierre-Claude de La Bertaudière.
Pierre-Claude de La Bertaudière, épousa Laurence Joséphine Jacquine Perrine Falloux du Lys le 28 janvier 1766 en l’église Saint-Maurille à Angers.
Son épouse lui apporta en dot les terres de La Giraudière et de la Haute-Sauvagère (Chemillé-en-Anjou). Il est fort probable qu’il hérita de ses parents du château de La Contentinière.
Avec son épouse, il habita un certain temps à Angers sur la paroisse Saint-Maurille et vint s’installer à La Brétaudière entre 1771 et 1776. Deux de leurs enfants y naquirent d’ailleurs (Joseph-Marie et Marie-Jeanne), avant que Laurence Joséphine Jacquine Perrine Falloux du Lys y décède en 1780.
L’EPOQUE CONTEMORAINE
de la Révolution Française à nos jours
La Révolution française
Pierre-Claude de La Bertaudière participa en mars 1789 à l’assemblée de la noblesse de la Sénéchaussée du Saumurois en prévision des Etats-généraux de Versailles. Visiblement peu enclin à soutenir les excès de la Révolution, il quitta La Brétaudière en 1793 à l’issue de la prise de Saumur par les Vendéens les 9 et 10 juin 1793.
Il a vraisemblablement rejoint l’armée vendéenne ou bien s’est caché en un endroit qui lui semblait favorable. Il semble avoir été condamné d’après un document, d’autres évoquent une émigration.
En tout état de cause, l’ensemble de ses propriétés furent saisies et le château de la Brétaudière fut l’objet d’une perquisition, dont voici le récit officiel:
Selon la tradition les propriétaires avaient caché l’argenterie du château dans des tonneaux achetés d’urgence chez un tonnelier voisin. Tradition suffisamment établie pour qu’au milieu du XXe siècle les descendants du métayer, devenus propriétaires de la ferme voisine cherchent encore ces tonneaux…
Le château est vendu comme bien national le 27 Prairial an VI.
A priori, un seul des enfants Perrault survécu à la période révolutionnaire en la personne de Claude-Marie Perrault (1771-1849), qui après avoir émigré retrouva la possession du château de La Contentinière et fut maire de Soulaines- sur-Aubance. Il décéda célibataire et sans postérité.
Le XIXe siècle
C’est l’imprimeur Charles-Pierre Mame (1747-1825) qui est propriétaires du château au tournant du XIXe siècle. La Bertaudière est opportunément située entre Angers et Tours où se trouvent ses deux imprimeries.
Les Thomas, famille de notaires à Angers, récupèrent la propriété pendant la Restauration. Ils entreprennent la destruction des murs d’enceinte et la construction de la façade principale dans le style Renaissance.
C’est au XIXe siècle également que le nom de la propriété change la Bertaudière devenant la Bretaudière, suite à une inversion typographique courante.
La correspondance de l’époque indique que Mélanie Waldor, femme de lettre, ancienne muse et maîtresse d’Alexandre Dumas et de Cavour, y fait au moins un séjour en 1842 ou 1843.

Le XXe siècle
Au tournant du XXe siècle la ferme est séparée du château. Les fermiers deviennent des voisins. Ils abandonneront la culture de la vigne dans les années 1970.

Du 18 au 20 juin 1940 des combats ont lieu dans le Saumurois. Malgré l’appel à cesser les combats du maréchal Pétain le 17 juin les cadets de l’école de cavalerie de Saumur décident de sauver l’honneur de l’armée française en défendant les 40 kilomètres de front entre Gennes et Montsoreau.

A Gennes la brigade du lieutenant Jacques Desplats tué au combat doit battre en retraite. Certains trouvent refuge dans la Poterne de la Bretaudière qui est mitraillée par les allemands. Ils se rendent avec panache.
En effet admiratifs face à leur résistance héroïque, les Allemands décident de rendre les honneurs à leurs prisonniers et de les libérer ensuite en leur permettant de rejoindre la zone libre une fois l’armistice signé. Ce glorieux combat qui fit près de 250 victimes françaises de Gennes à Montsoreau, valut à l’Ecole de cavalerie de Saumur la citation suivante à l’ordre de l’Armée:
« Sous le commandement du colonel Michon, reflétant l’âme de son chef, l’Ecole Militaire de la Cavalerie et du Train, a combattu les 19, 20 et 21 juin 1940, jusqu’à l’extrême limite de ses moyens de combat, éprouvant de lourdes pertes, prodiguant les actes d’héroïsme et inscrivant dans les fastes de la Cavalerie, une page digne entre toutes de son glorieux passé. A suscité, par sa bravoure, l’hommage de son adversaire. »
Comme la façade de l’hôtel de ville de Saumur la façade de la poterne porte toujours fièrement les stigmates de ce premier acte de résistance. Suite à cet acte de bravoure et les allemands ayant identifié la position relativement stratégique de la Bretaudière la ferme est réquisitionnée et occupée par les allemands pendant toute durée de la guerre. Les fermiers sont logés dans les anciennes écuries.
La propriété change ensuite deux fois de mains. Ce sont les fondateurs de la chaîne Nooz qui la rachètent une première fois, puis Me Thibaudeau, notaire à Oloron.
Le XXIe siècle
La propriété passe sous pavillon franco-thaïlandais en 2016, renoue avec son orientation viticole et la devise : « French wines, Thai signature. »

Bibliographie


La Bretaudière
Château de la Bretaudière
Meigné – 49700 Doué en Anjou
Contact
Téléphone : +33 (0) 983 780 501
E-mail : info@labretaudiere.net

